Barre d'onglets

dimanche 3 avril 2016

1Q84, Haruki Murakami

Ceci est mon tout premier article - en dehors de ma présentation - et en gage de ma bonne foi...
*pose une main sur son coeur*
Moi, Lulla, je m'engage solennellement à ne pas vous spoiler le livre tellement fort que vous n'auriez plus d'intérêt à le lire,
Amen.



  C'est avec une œuvre du célèbre écrivain de Kafka sur le rivage que je vous propose de voyager aujourd'hui. 1Q84, c'est le nom d'une trilogie se déroulant au fil des saisons : Avril-Juin, Juillet-Septembre, Octobre-Décembre. Mais aujourd'hui, je ne vous parlerai que du premier tome (parce que j'ai lu que celui-là mdr). Nous suivons les vies respectives d'Aomamé et de Tengo, deux trentenaires qui ne se connaissent pas, séparés par des chapitres qui leur sont dédiés à tour de rôle. Comme vous êtes un lecteur aguerri, vous savez qu'on ne plante pas deux personnages au hasard dans le grand désert de notre histoire sans qu'ils n'aient jamais d'interaction ni aucun lien. Pourtant, même si on le sait, on le sait très fort au fond de nous, Murakami a décrété qu'on attendrait un bon gros bail pour nous dire en quoi ils sont liés - en somme, plus de la moitié du livre. 
  Aomamé, grande sportive, prof dans un club, massacre des sales types en douce avec un pic à glace dont on ne cesse de nous rabâcher l'existence à chaque fois qu'un focus est porté sur le sac de la demoiselle. Femme qui fait des folies de son corps avec des vieux au crâne chauve parce qu'elle trouve ça sexy, elle est sûre d'elle, intelligente, solitaire. C'est un personnage qui m'a longtemps fatiguée durant ma lecture. Au début je l'ai trouvée insignifiante, comme un personnage de roman qu'on nous présente et qu'on a encore pas vu à l’œuvre, puis très sincèrement chiante. J'ai du même coller des post-it sur des pages pour bien marquer "tu me saoules" sur les passages où ce n'était plus tolérable pour moi. Bon. Après avoir lu Kafka sur le rivage, petit pavé d'une huit-centaine de pages si mes souvenirs sont bons, je connaissais un peu la tendance de Murakami à nous saucer des scènes de cul un peu gratuitement et un peu dans n'importe quel contexte. Mais ça, c'est sa patte d'auteur, son regard sur ce qu'est l'être humain. Selon moi, Murakami traite un peu des variations du souvenir et de la pensée à travers ces soubresauts sexuels qu'il rajoute dans certaines scènes pourtant bien éloignées du sujet. Cela dit, quand ton personnage descend les escaliers de secours d'une aire d'autoroute et qu'elle repense à la fois où elle a joué à touche-pipi avec sa meilleure amie du lycée, on lève les yeux de son roman et on se demande ce qu'on fout là. Bien sûr, en lisant la suite et en y réfléchissant une nouvelle fois, j'expliquerais bien pourquoi une scène à ce moment là. Mais, j'ai juré de ne pas vous ôter l'intérêt de lire le livre, alors...
  Dans cette même scène de descente des escaliers, Aomamé aperçoit une araignée, statique sur sa toile parfaitement tissée, et admire sa patience. Elle réalise de surcroît que cette araignée est inconsciente de sa qualité qu'est la patience, qu'elle n'a pas de conscience de soi, contrairement à elle qui doit absolument descendre ses escaliers parce qu'elle a des choses importantes à faire en bas. Et c'est là que le personnage - ou l'écrivain ? - m'a énervée, en balançant une phrase fatigante dans un retour à la ligne pour la rendre bien percutante :
"Je bouge. Donc je suis."
*se racle la gorge* C'est chiaaaant. D'accord, elle établi entre elle et l'araignée une comparaison très philosophique, la conscience de soi, Descartes et tout le tralala. Mais ça franchement, c'était de trop. Tu bouges, l'araignée bouge, tout le monde bouge. 
  Tengo, professeur de mathématiques à l'Université, aspire à devenir écrivain. Lié de ce qu'on ne peut pas tout à fait qualifier "d'amitié" avec l'éditeur Komatsu, qui va lui demander de récrire un roman soumis au concours des jeunes auteurs, la Chrysalide de l'air, œuvre de Fukaéri, une jeune lycéenne de 17 ans. Tengo est un personnage empreint à des crises de malaise lorsqu'un souvenir de son enfance lui revient : sa mère se fait sucer les seins par un illustre inconnu. Ce souvenir au seuil de la réminiscence, le marque dans toute sa vie amoureuse. Néanmoins, il est nettement plus paisible qu'Aomamé. Moins torturé, plus sain d'esprit. Les chapitres qui lui sont dédiés sont plus propices à l'action et à l'échange que dans les chapitres consacrés à Aomamé, plus solitaire et réservée.

Au fil de ma lecture, j'ai donné plus de dimension à mes ressentis envers les personnages, plus de profondeur. Au début, j'étais plus que rebutée par Aomamé, qui, comme je le disais, manquait pour moi de ce quelque chose qui rend le personnage "vivant" et non crispant, faux, "too much", trop éloigné de la réalité. J'ai failli mettre un terme à ma lecture, tellement je ressentais le tout comme superflu. C'est en avançant que j'ai pu me dire "tiens, c'est peut-être pour ça que Murakami nous a collé une telle scène à tel endroit", "c'est peut-être pour ça que ce personnage a une telle dimension", et c'est en ça que je reconnais Murakami comme un écrivain hors pair, peut-être même un génie. Même s'il me fatigue un peu. 

Alors, je vous invite fortement à investir les quelques huit euros que coûte ce premier tome, parce que si vous souhaitez voyager et être déconcerté, ce livre ne va peut-être pas vous décevoir. Vous y trouverez une sexualité intime, qui n'a rien à voir selon moi avec de l'érotisme mais avec de l'humanité, vous y trouverez des personnages travaillés et uniques, parfois même fantastiques, ainsi qu'un monde parallèle, dont je ne vous parle pas dans cet article ; 1984 et 1Q84, sont deux réalités différentes que découvrent Aomamé et Tengo. Mais ça, je vous laisse le découvrir par vous-mêmes.


Avez-vous déjà lu des œuvres de Murakami ? Peut-être même celle-ci ? Réagissez vous aussi ! Vos avis m'intéressent !




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