Barre d'onglets

jeudi 7 avril 2016

Le Chardonneret, Donna Tartt (à la crème) (Non allez les gars, partez pas ! Soyez cools, quoi !)


Bon, si vous êtes en train de lire ces lignes c'est que vous avez pas fui devant cet affreux parpaing humoristique que j'ai lancé en travers la gueule de cette chère Donna. Mais vengeance, chacun son parpaing, toi, tu m'en as pondu un de 1050 pages, et j'ai tout lu. Tout. 
  
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  Le Chardonneret, c'est un best-seller (*applaudissements*) dont on apprend qu'il a remporté le prix Pulitzer sur la quatrième de couverture de l'édition Pocket. Et c'est assez étonnant de savoir qu'un tel pavé qui parle D'ART ait remporté un tel succès. Le Chardonneret en effet est une pièce magnifique d'un artiste peintre nommé Fabritius. C'est une occasion en or de réviser ses classiques (et même d'en découvrir) aux côtés de Théo, notre héro, qui dès les premiers chapitres nous frotte à un univers artistique très riche ; nombreuses y sont les références - ce genre de détails vrais, au sens où ils existent vraiment, donnent une profondeur non-négligeable à l'univers mis en place dans ce roman. Le livre est structuré en 6 grandes sections, titrées par des citations de grands écrivains (Rimbaud, Camus...), divisées en chapitres, eux-même fractionnés en sous-chapitres. C'est une œuvre colossale, extrêmement travaillée, structurée, achevée jusqu'à la moelle.


  L'histoire débute sur notre personnage, malade à en crever dans un lit à Amsterdam. Pourquoi est-il là ? Pour y répondre, Théo nous emmène à l'époque où il est un jeune garçon de 13 ans vivant seul aux côtés de sa mère avec qui il entretient une complicité sans pareil. Il tire par ailleurs sa culture et son goût prononcé pour l'art de cette dernière. Son père lui, un acteur raté doublé d'un alcoolique misérable, s'est tiré au Texas sans crier gare, abandonnant sa femme et son fils. C'est lors d'une visite au musée qu'un attentat emporte sa mère. Le millier de pages que comporte ce livre, c'est tout le processus de destruction et de reconstruction qui façonnera son existence. Toute sa vie, l'explosion qui a détruit son monde ne cesse de bourdonner en une douloureuse lame de fond au creux de son être. Par ailleurs, c'est lors de cet attentat qu'il se retrouve le détenteur du tableau, Le Chardonneret, auquel il vouera une véritable obsession. 
Cet ouvrage nous livre avec brio l'impact d'un trauma sur toute la durée d'une vie à travers un thriller intelligemment ficelé. Nous sommes face à un personnage véritable, avec beaucoup de profondeur. Ses angoisses maladives le poussent vers des actes dangereux, une vie biaisée, loin du confort d'une petite vie simple - auquel il est incapable d'avoir accès. On y découvre toute une poésie bleue, la désillusion, la souffrance avec un gigantesque S majuscule, le refuge dans les états seconds qui soulagent un trop plein de conscience.

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  Je reconnaitrais volontiers que lire ce livre jusqu'à la fin peut se montrer éprouvant. Certains passages sont très longs, il ne se lira pas rapidement ni forcément facilement. Le style n'a selon moi rien de complexe, rien d'inaccessible. Il faudra juste être concentré. Mais si vous êtes comme moi et que vous avez toujours envie d'en découdre avec un livre entamé, c'est un défi qui ne vous laissera pas sur le carreau, et vous n'y perdrez rien. C'est une belle œuvre à découvrir. Malgré quelques reproches que je pourrais faire comme beaucoup de morts "gratuites" tout au long du roman (mais je ne vous en dit pas plus, mon engagement solennel anti-spoil est sincère, je veux vous donner envie !), il reste néanmoins légitime dans son succès et vous pouvez vous y plonger sans aucun doute. Surtout si vous avez le même penchant que moi pour l'aspect psychologique des personnages plus que pour l'histoire en elle-même. Néanmoins, l'histoire saura jusqu'au bout vous tenir en haleine.
 

 

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